Ce congrès a été marqué par l’affrontement verbal entre le président sortant et candidat à sa propre succession, Abderrazak Makri, et son éternel rival, Bouguerra Soltani, lui-même ancien président du parti. La rivalité entre les deux hommes a été clairement affichée à travers des déclarations publiques. Bouguerra Soltani n’a pas caché ses velléités de reprendre le poste qu’il a perdu en 2013, à la faveur du 5e congrès ordinaire, qui a permis à M. Makri d’accéder à la présidence en plein bouillonnement de la rue arabe. Abderrazak Makri, qui n’est pas près de lâcher la présidence du parti, a été dur envers son rival. Devant 1800 délégués représentant 48 wilayas, A. Makri, qui incarne aujourd’hui l’aile la plus radicale du parti, proche des Frères musulmans, a en effet vilipendé son concurrent au sein de cette formation, qui peine à trouver le juste équilibre entre son aile «entriste» et l’autre radicale. Cette dernière – représentée par Abderrazak Makri, appuyé subtilement par Abdelmadjid Menasri, qui a pour «modèle» l’AKP du président turc Erdogan – se prépare dans l’ombre pour prendre totalement le pouvoir. Montant à la tribune pour prononcer l’allocution d’ouvertur, Abderrazak Makri a sans tarder critiqué vertement la «vision» de Bouguerra Soltani, qui a clairement affiché sa volonté de faire retourner le MSP au gouvernement, s’il accède à sa présidence. Après avoir participé à tous les gouvernements depuis l’arrivée au pouvoir de Bouteflika en 1999, le MSP a versé dans l’opposition en quittant l’Exécutif dans le sillage des révoltes arabes. Aujourd’hui, une partie de ses cadres et de sa «communauté d’affaires» désire retrouver les «grâces» du pouvoir en réintégrant le gouvernement. Mais l’aile incarnée par Abderrazak Makri adopte une autre stratégie : celle d’attendre l’effondrement du système pour prendre totalement le pouvoir. Ce sont ces deux «courants» qui se sont affrontés lors de ce 7e congrès tout à fait extraordinaire. En présentant son bilan à la tête du parti, Abderrazak Makri s’est engagé devant les congressistes de faire accéder le MSP au pouvoir après les législatives de 2022 : «Nous allons réintégrer le gouvernement tête levée, avec dignité et non pas pour faire de la figuration.» La stratégie de Abderrazak Makri est donc de tenter de «capter» la colère citoyenne en cette conjoncture marquée par une crise économique acerbe, et la canaliser pour qu’elle propulse son parti au pouvoir à la faveur des législatives de 2022. Abderrazak Makri, qui a prononcé un long discours, a utilisé des mots durs contre Soltani, qu’il accuse de courir derrière un poste ministériel. Le président du MSP n’a cessé de lancer des piques à son rival Soltani, en insistant sur ce qu’il considère comme le principal mal de la politique, à savoir «l’opportunisme». Il estime ainsi que les réformateurs se sont trop éloignés de la politique, laissant le terrain aux opportunistes qui courent derrière les privilèges. «Nous ne sommes pas comme ceux qui veulent uniquement des postes ministériels. Nous travaillons pour accéder au gouvernement par la force des urnes, afin de participer réellement à la prise de décision et ne pas servir de faire-valoir», a-t-il lancé devant les congressistes qui semblaient totalement acquis à son «projet». Abderrazak Makri semble ainsi bien parti pour succéder à lui-même au terme d’un congrès qui a été une véritable arène d’affrontements entre les entristes et les radicaux proches des Frères musulmans. Au moment où nous mettions sous presse, le nom du nouveau président du MSP n’était pas encore connu. Les travaux de ce congrès se termineront aujourd’hui.
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