Selon le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, 27 000 migrants subsahariens en situation irrégulière, toutes nationalités confondues, ont été rapatriés vers leurs pays d’origine ces trois dernières années. Ces opérations se poursuivent «dans le respect total des droits de l’homme et de la dignité humaine, conformément aux instructions du président de la République (..) en dépit de ce qui se dit et s’écrit dont le but est de ternir l’image de l’Algérie», a indiqué Noureddine Bedoui devant les députés le 22 mars dernier. Pour le représentant du gouvernement, «ces migrants sont exploités par des réseaux criminels.et l’Algérie a le droit de préserver sa sécurité». Depuis ces déclarations, les rafles et les rapatriements massifs se poursuivent dans l’ouest algérien, notamment à Maghnia et Oran. A Oran, depuis le début de l’année 2018, près de 1 200 subsahariens en situation irrégulière ont été rapatriés vers leurs pays respectifs, via le centre d’accueil de Tamanrasset. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, dans ce magma d’arrestations et de rapatriements, le 27 avril dernier, les garde-côte ont découvert 15 corps sans vie de migrants, des Sénégalais, et secouru 19 autres au large de Cap Falcon (Aïn El Turck) dans un état lamentable. Les malheureux subsahariens avaient embarqué à partir des côtes de Nador, dans le Rif marocain, dans l’espoir d’atteindre le territoire espagnol. Motivations Leur bateau de fortune avait chaviré. «Alertés, les services de la Protection civile d’Oran ont mobilisé des plongeurs professionnels pour lancer les recherches en mer et retrouver cinq autres personnes portées disparues.» Découverts dans un état de santé très grave, les rescapés «ont été évacués vers l’hôpital de Aïn El Turck, où ils ont été pris en charge sur les plans sanitaire et psychologique», selon la Protection civile. Fouad Hassam, militants des droits humains, qui suit de près la question migratoire, estime que «le refoulement des migrants est une décision souveraine de l’Algérie. Les expulsions massives sont des actes politiques, ceci est connu. En tant que défenseurs des droits humains, nous voulons comprendre les motivations réelles et nous n’acceptons pas les termes ambigus de ‘sécurité nationale’ et ‘ordre public’. La dignité de l’homme est la pierre angulaire de notre combat et celle de la défense des droits des migrants». Entre les départs forcés et les noyades en Méditerranée, les migrants subsahariens en situation irrégulière, pour ceux qui respirent encore, meurent de désespoir...
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